30.7.08

L'Internet avant l'heure


Car à quoi bon aller quelque part ? Tout était ici. En tournant simplement un bouton, on pouvait converser en face à face avec qui l'on voulait, on pouvait aller, en esprit sinon physiquement, où l'on voulait. On pouvait voir une pièce de théâtre, ou entendre un concert, ou bouquiner dans une librairie située à l'autre bout du globe. On pouvait régler toutes les affaires que l'on voulait sans bouger de son fauteuil.


Clifford D. Simak, "La tanière", in Demain les chiens (City), 1952.

27.7.08

Haunting, Weird & Insistent : Mood Organ Playlist


Haunting, Weird & Insistent : Mood Organ Playlist!

Playlist imaginée dans le cadre du Mood Organ Playlist, une tentative saugrenue et illusoire de programmer des émotions musicales lancée par G.T. du blog Art-Rock.

25.7.08

Après de nombreuses unités de ce genre, une chauve-souris vint folâtrer autour d'eux


On est au milieu des cendres de tout, on est au milieu des cendres et des souvenirs de tous et toutes, on avance dans le noir ou on reste accroupi pendant des heures ou pendant des jours et des nuits, avec pour tout bagage une solitude immense et l'espoir de l'histoire.


Lutz Bassmann, "Trois. La plongée", Avec les moines-soldats, entrevoûtes, Verdier, coll. chaoïd, 2008.
{http://www.lutzbassmann.org/}

18.7.08

Des studios guère épais


LES FILMS LES PLUS CHERS DE L'HISTOIRE DU CINEMA


1 VOYNA I MIR Sergei Bondarchuk (1967) : 560 millions de $
2 PIRATES OF THE CARIBBEAN: AT WORLD'S END Gore Verbinsky (2007) : 300 millions de $
3 CLEOPATRA Joseph L. Mankiewicz (1963) : 290,2 millions de $
4 SUPERMAN RETURNS Bryan Singer (2006) : 268,5 millions de $
5 SPIDER-MAN 3 Sam Raimi (2007) : 258 millions de $
6 TITANIC James Cameron (1997) : 250,2 millions de $
7 WATERWORLD Kevin Reynolds (1995) : 231,6 millions de $
8 QUANTUM OF SOLACE Marc Forster (2008) : 230 millions de $
9 PIRATES OF THE CARIBBEAN: DEAD MAN'S CHEST Gore Verbinsky (2006) : 223,1 millions de $
10 TERMINATOR 3: RISE OF THE MACHINES Jonathan Mostow (2003) : 219,5 millions de $

Extrait du weblog "La lumière vient du fond" {http://maydrick.over-blog.com/}, mise à jour du 7 juillet 2008.

12.7.08

Booker Little - Man of Words



"Les auditeurs peu habitués à cette musique disent du jazz que c'est un martèlement continu, et je dois dire que je le pense un peu aussi. Il y a tellement d'émotions qui ne passent pas de cette façon... Beaucoup de sensations auraient sans doute pu être mieux exprimées sans cette pulsation. À l'heure actuelle, si tu veux exprimer la tristesse ou la mauvaise humeur, tu joues du blues. Mais on peut le faire autrement."

Booker Little (1938 - 1961)
D'après l'interview pour "Metronome" réalisé par Robert Levin au printemps 1961.


Man of Words
Booker Little (trumpet), Julian Priester (trombone), Eric Dolphy (alto sax), Don Friedman (piano), Art Davis (bass), Max Roach (drums)

Extrait de l'album Out Front, publié chez Candid en mars 1961, sept mois avant de succomber à une crise d'urémie à l'age de 23 ans.

8.7.08

Le rail c'est la vie

une fois son sandwich terminé mon compagnon extirpe de son bagage un fort volume broché, une sorte de catalogue qu'il se met à consulter fébrilement, sautant d'une page à l'autre, un doigt sur des colonnes de chiffres, puis retour à la page antérieure, il regarde sa montre avant de jeter un regard courroucé par la fenêtre, il fait nuit, il ne peut rien voir, il reprend son livre, il me regarde souvent avec un air interrogateur, il brûle de me poser une question, il me demande savez-vous si le train s'arrête à Tetschen ? ou du moins c'est ce que je crois comprendre, je lui baragouine en allemand que je n'en sais absolument rien, mais que c'est fort probable, c'est la dernière ville tchèque avant la frontière, sur l'Elbe, l'homme parle allemand, il est d'accord avec moi, le train doit s'arrêter à Tetschen, même s'il n'y prend pas de passagers, wissen Sie, me dit-il, si nous descendions à Tetschen, nous pourrions monter dans le train de marchandises qui est parti de Brno cet après-midi un peu avant dix-sept heures, il nous laisserait à Dresde aux alentours de deux heures du matin et nous pourrions rattraper ce train-ci dont le départ n'est pas prévu avant trois heures moins le quart, c'est incroyable, convenez-en - j'en conviens, l'homme poursuit, son catalogue est en fait un gigantesque horaire de chemins de fer, il y a tous les trains ici, vous m'entendez, tous, c'est un peu compliqué à utiliser mais quand on s'y fait c'est pratique, c'est pour les professionnels du rail, par exemple nous venons de croiser un train dans l'autre sens il est vingt et une heures vingt-trois eh bien je peux vous dire d'où il vient et où il va, si c'est un convoi de passagers ou de fret, avec un tel livre vous ne vous ennuyez jamais quand vous voyagez en train, dit-il l'air manifestement très heureux, comment se fait-il qu'il ne sache pas si le train s'arrête à Tetschen, eh bien c'est très simple, très simple, voyez, l'arrêt est entre parenthèses, ce qui signifie qu'il est optionnel, mais le passage est signalé, donc nous avons la possibilité de nous arrêter à Tetschen, nous avions une autre possibilité d'arrêt il y a quelques minutes et vous ne vous êtes rendu compte de rien, vous ne vous êtes même pas aperçu que nous aurions pu nous arrêter là, wir hatten die Gelegenheit, vous voyez que ce livre est merveilleux, il permet de savoir ce que nous aurions pu faire, ce que nous pourrions faire dans quelques minutes, dans les heures qui viennent, voire plus, le regard du petit bonhomme tchèque s'éclaire, toutes les éventualités sont dans cet horaire, elles sont toutes là - le conducteur de la locomotive ne peut que s'en remettre à lui, je vais vous donner un exemple, je sais que vous allez à Paris et donc vous allez changer à Francfort pour prendre l'Intercity de huit heures du matin, entre-temps vous aurez mangé des Brotschen et une saucissse à la gare, puis à votre arrivée vous vous rendrez certainement à votre domicile 27, rue Eugène-Carrière dans le 18e arrondissement de Paris où vous parviendrez fatigué à quinze heures vingt-trois, vous déposerez vos valises prendrez une douche rapide et deux solutions s'offriront alors à vous, aller au bureau immédiatement ou attendre le lendemain matin, chaque possibilité aura ses avantages et ses inconvénients, si vous allez boulevard Mortier vous ne serez pas chez vous quand quelqu'un sonnera à votre porte à dix-sept heures quarante-huit, mais si vous restez l'intervention de cette jeune personne et la nouvelle qu'elle vous apporte vous feront oublier une partie des informations à inclure dans ce dossier secret, ce répertoire de morts que vous montez depuis quelque temps en utilisant plus ou moins illégalement les moyens que la Sécurité extérieure met à votre disposition, vous voyez tout est écrit ici, pages 26, 109 et suivantes, dans les deux cas, que vous soyez présent ou non, la prochaine correspondance sera page 261 de l'horaire, l'express Venise-Budapest, où vous vous enivrerez en chantant Trois jeunes tambours, puis page 263 vous monterez dans un wagon de marchandises en direction du camp d'extermination de Jasenovac sur la Save, puis page 338 dans un train Benghazi-Tripoli, vous voyez, l'express Tanger-Casablanca se trouve page 361, tout cela vous mènera à la page 480 et la perte d'un rejeton que vous ne connaîtrez pas, et ainsi de suite, toute votre vie est là, de nombreuses correspondances vus amèneront doucement, presque à votre insu, dans un train ultime Pendolino diretto Milano-Roma qui vous portera à la fin du monde, prévue à la gare de Termini à vingt et une heures douze, j'écoute la litanie ferroviaire du petit bonhomme avec attention, il a raison, ce catalogue est un outil magnifique

Mathias Enard, Zone, Actes Sud, août 2008

4.7.08

Sa parole


Marguerite d’Eros pour le lascif et ses ferveurs.


Fernando Arrabal, "Le clitoris".

1.7.08

From Hollygrove to Hollywood

You watch me / Cause I be / Weezy / Merci / TV / C-3 / Thats me


Lil Wayne, "3 Peat", Tha Carter III, Cash Money Records, 2008.