Personne ne peut se sentir soulagé quand un enfant meurt, allègue Remigio. Si demain je me pends à l'avocatier, tu seras soulagé ? Si les gendarmes viennent me chercher, tu seras content ? Lucio se met à rire. On dirait que tu lis des romans américains, dit-il, tu parles comme leurs personnages. Depuis que Folsom est mort, les Américains écrivent des mélodrames sur des parents égoïstes, vicieux ou pleins de manies et sur des enfants qui en souffrent les conséquences. Toute une génération d'écrivains employée à dénigrer ses parents.
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Savez-vous que, sur vingt-huit pages publiées, on n'en lit qu'une ? Car il y a les livres qu'on offre à des gens qui ne lisent pas, d'autres échouent dans une bibliothèque sans lecteurs, on en achète pour remplir des étagères, certains sont offerts pour l'achat d'un autre produit, le lecteur se lasse dès le premier chapitre, ils ne sortent jamais de l'entrepôt de l'imprimeur, ou bien les livres sont achetés sur un coup de tête.
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Une femme ne s'intéresse pas à un homme pour le sauver. Comme employé peut-être, conclut-elle, mais quand il s'agit d'aimer un homme, qu'il soit une bonne âme, c'est secondaire.
David Toscana, El último lector, roman traduit de l'espagnol (Mexique) par François-Michel Durazzo, Zulma, 2009.
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