Ce qui je dis là n'a aucun rapport avec le fait que je sois japonaise. Je ne cherche pas non plus à me détruire. Le vin blanc, la salade d'artichauts, le fromage blanc, le pain, la confiture et les fruits, le jogging, la walk-gym, le roller-skate, la piscine, le billard, le frisbee, les lofts, les clubs, les studios, les unités de mesure américaines, toutes ces races de chiens, le piercing et les tatouages, la marijuana, le sexe, le cinéma et la mode et les DJ et les parcs et le jus de légumes, les laveries automatiques, les penthouses, j'ai appris d'eux l'art de consommer et de gaspiller, j'ai moi aussi accepté de viellir en espérant vivre plus longtemps, mais ils sont tous épuisés, la tristesse leur colle tant au corps qu'un rien les ferait sangloter. C'est la tristesse du cocon dans lequel il sont enfermés et ils ne feront jamais rien pour le déchirer. Moi aussi, je fais partie de ces gens. Je suis l'un d'eux. C'est une communauté où l'appartenance ethnique n'a aucune importance. Et tout cela m'irrite pronfondément.
Murakami Ryû, Melancholia, 1996.
Murakami Ryû, Melancholia, 1996.
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