5.8.08

Parfait paragraphe


Mes parents étaient de pauvres diables, sans savoir et bien sûr sans sagesse, ils n'en avaient pas le loisir. Je crois que je les aimais. Ils louaient leurs bras et les miens, ceux de mes frères, chez les gros paysans des Castelli qui eux-mêmes n'avaient qu'un peu plus de grain en réserve, du porc sur leur table et sur leur paillasse s'ils le souhaitaient des filles jeunes et drues, mais avec du suint, sans azur à la gorge ni de dentelle aux cuisses : c'étaient de pauvres diables, eux aussi.


Pierre Michon, page 23 du Roi du bois, Verdier, 1996.

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