25.2.11

On ne pourrait me guérir que de ne plus écrire




On ne pourrait me guérir que de ne plus écrire, mais je ne me plains jamais du reste. Toute ma joie de vivre se tient dans cette tension et ce va-et-vient, ce jeu intérieur entre un mal que je sais depuis l'enfance être celui de tous les humains à la fois, à savoir de n'être que cela, humain dans un monde minéral, végétal, animal, divin, et une guérison dont personne ne voudrait, qui me priverait, en cas de réussite, de tout courage, de tout désir, de tout plaisir d'aller toujours au-delà, en avant - et dont par intérêt bien compris depuis longtemps, je ne veux pas.

Pierre Guyotat, Coma, Mercure de France, 2006

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