Scénario pour un coup d'Etat : Isabel Peron est enlevée, on lui opère le visage de façon à la rendre méconnaissable : lorsqu'on enlève les bandelettes et les gazes, elle s'approche d'un miroir et pousse un cri.
Pendant ce temps, sa voix préenregistrée est soumise à une analyse et à un découpage de ses empreintes vocales, certains mots de tous ses précédents discours sont montés de façon à parvenir à : "Je vous annonce ma démission, etc.". On radiodiffuse. On pourra aussi prendre un de ses anciens discours télévisés, le magnétoscoper, étudier un doublage parfaitement synchrone à l'aide de mots découpés et retéléviser sur l'antenne, en direct, un discours de démission. Isabelita dans sa résidence, même plus surveillée, entend son propre discours. Elle sort pour dire à l'armée et à la police : "Je suis Isabel Peron." Rires des policiers : "Et moi je suis Vasco de Gama !" On l'emmène dans un hôpital psychiatrique tandis que se rediffuse son discours prononcé d'une voix qui semble trafiquée comme venant d'un corps bourré de bandes magnétiques, une voix sur de mauvaises (à peine) vitesses, avec des blancs inquiétants, avec des masticages de mots. (D'après une émission TV de la série Mission impossible.)
Jean-Jacques Schuhl, Telex n°1, Gallimard, 1976
25.1.12
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire