La mort viendra et elle aura tes yeux
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu'au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muets
PAVESE Cesare, "La mort viendra et elle aura tes yeux", Éditions Poésie Gallimard, 1979
Poème retrouvé, manuscrit par moi même sur un cahier de notes de lectures d'adolescent. Souvenirs de la vie avant Internet.
8.10.07
La mort viendra et elle aura tes yeux
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
6 commentaires:
Bien belle prosodie en vers, Monsieur Christian.
Quant à l'italique évoquant l'ère non-numérique, il me rappelle ce texte de Neil Young que je reproduisait adolescent sur une vieille machine à écrire (Olivetti, par exemple) :
Sometimes I think that I know
What love's all about
And when I see the light
I know I'll be alright
I've got my friends in the world
I had my friends
When we were boys and girls
And the secrets came unfurled
City of brotherly love
Place I call home
Don't turn your back on me
I don't want to be alone
Love lasts forever
Someone is talking to me
Calling my name
Tell me I'm not to blame
I won't be ashamed of love
Ah tiens, c'est marrant ! Ado, je me prenais pour Neil Young et ne chantais que ses chansons, avec une voix chevrotante (et ridicule)...
Hello cowgirl in the sand
Is this place
at your command
Can I stay here
for a while
Can I see your
sweet sweet smile
Old enough now
to change your name
When so many love you
is it the same?
It's the woman in you
that makes you want
to play this game.
Haha ! les masques tombent, voici la chanson que j'entonnais à tue-tête quand je me suis brûlé la main gauche au deuxième degré avec de l'huile d'olive première pression à froid bouillante - substance qui permet à la chair saisie de prolonger sa combustion plusieurs heures (bon appétit Messieurs !) :
Old man look at my life,
I'm a lot like you were.
Old man look at my life,
I'm a lot like you were.
Old man look at my life,
Twenty four
and there's so much more
Live alone in a paradise
That makes me think of two.
Love lost, such a cost,
Give me things
that don't get lost.
Like a coin that won't get tossed
Rolling home to you.
Old man take a look at my life
I'm a lot like you
I need someone to love me
the whole day through
Ah, one look in my eyes
and you can tell that's true.
Et puis bien sûr, puisque nous en sommes à recopier les paroles du vieil Indien, suivent les plus belles pour moi, avec dans le rôle de 'the actress' au choix Ingrid Bergman, Lauren Bacall, Monica Vitti, Juliette Binoche ou Julia Roberts :
My life is changing
in so many ways
I don't know who
to trust anymore
There's a shadow running
thru my days
Like a beggar going
from door to door.
I was thinking that
maybe I'd get a maid
Find a place nearby
for her to stay.
Just someone
to keep my house clean,
Fix my meals and go away.
A maid. A man needs a maid.
A maid.
It's hard to make that change
When life and love
turns strange.
And old.
To give a love,
you gotta live a love.
To live a love,
you gotta be "part of"
When will I see you again?
A while ago somewhere
I don't know when
I was watching
a movie with a friend.
I fell in love with the actress.
She was playing a part
that I could understand.
A maid. A man needs a maid.
A maid.
When will I see you again?
Dans un cahier manuscrit aussi que Pavese a écrit "La morte avra i tuoi occhi" avant de se foutre en l'air, voulant s'adresser, comme on lance une prophétie depuis l'autre coté du monde, à Constance Dowling qui avait quitté de manière humiliante un homme impuissant parce que dépressif. Et je ne peux pas m'empêcher de penser à cette autre prophétie d'Elie montrant du doigt cet espace liminaire où la grande baleine blanche resurgit sur fond des âges portant Achab, lié par les filins des harpons,sur son flanc: Ils disparurent tous dans le ventre de la mer,tous sauf un. Et on sait combien pour Melville, mais aussi pour Pavese, qui a fait une merveilleuse traduction du livre en italien,la quête de Moby Dick est une quête du plaisir au delà des écueils de la morale.
Sacré blog! Quelles références littéraires, tout de même... sans parler de quelques billets cinéma et musicaux (RADIOHEAD...)
Merci de tes passages Christian
SysTooL
Enregistrer un commentaire