A la fin de l'exercice, on te dira que tu as menti, tu nieras, tu jureras que tu as dit la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, et ce sera peut-être vrai, tu n'as pas menti, ce qui se passe c'est qu'il se trouve que tu es une personne nerveuse, avec une forte volonté, certes, mais à la façon d'un jonc tremblant que la moindre brise fait frissonner, on t'attachera alors de nouveau à la machine et cette fois ce sera bien pire, on te demandera si tu es vivant et tu répondras oui, évidemment, mais ton corps protestera, il te démentira, le tremblement de ta mâchoire dira que non, que tu es mort, et qui sait si ton corps n'a pas raison, peut-être sait-il avant toi qu'on va te tuer.
José Saramago, La lucidité (Ensaio sobre a Lucidez), Seuil, 2006.
19.6.08
Hurlons, dit le chien
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