3.3.09

Late night walk

Pour mes dernières heures de liberté, avant que les affres des répétitions accaparent mon esprit, avant qu'ils me précipitent dans un état d'irritation permanente, j'ai décidé, en dépit de la fatigue qui plombe l'usage de mes muscles, de profiter de l'obscurité de la nuit et de m'offrir, sans attendre, une promenade dans les environs de la ville. Il y a toujours un moment, au milieu d'une nuit d'insomnie, quand la fièvre se répand dans l'organisme, où la superficie d'une chambre se divise par deux, où les murs se rapprochent les uns des autres, où le plafond entame une lente descente vers le sol ; un moment où le regard, inutilement alerte, comblé de sollicitations, flotte en permanence au-dessus des choses, tourne autour d'elles, puis tombe sans jamais pouvoir les fixer ; un moment où le craquement des meubles, si discret pendant la journée, si raisonnable, devient perceptible, de plus en plus audible, bruyant au point d'éclipser le sifflement de ma propre respiration.

Oliver Rohe, Un peuple en petit, Gallimard, 2009

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