Ce qui m'a toujours intéressé dans les avant-gardes, c'est le moment où elles finissent par composer avec le pouvoir, sortant de l'Histoire pour ressembler à des balcons avancés sur l'abîme.
(...)
Le plus inquiétant n'est pas que les romans paraissent sans être lus, ni qu'on les retrouve en masse chez les revendeurs, mais qu'il existe des bibliothèques pour les renfermer et où ils ne se détruisent pas biologiquement. Le nouvel enfer des bibliothèques est le dépôt légal. Penser, de la même façon, que l'ensemble des émissions de télévision et de radio et même les archives personnelles de chaque citoyen sont devenues indestructibles revient à faire de la mémoire un lieu non plus sacré, mais infernal, comme l'immortalité.
Richard Millet, L'Enfer du roman. Réflexions sur la postlittérature, Gallimard, 2010.
29.1.11
Immortel enfer
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