Plus tard, elle trouva compromettantes ces photographies d'elle, à onze ans, en justaucorps de danse, aussi les détruisit-elle. Sur un coup de tête, sans conscience de contribuer à l'épuisement de ses ressources biographiques. Elle n'avait pas une seule fois pensé que celles-ci puissent être limitées, avait agi comme tout système œuvrant sans le savoir à sa propre disparition. Pourtant jamais de photos d'elle enfant ne seraient prises. Cette extinction, elle y avait en personne contribué. Si le règne de l'image se maintenait, et elle ne voyait pas de signes ni de raisons du contraire, il serait bientôt difficile de convaincre quiconque de son existence.
Jakuta Alikavazovic, L'Avancée de la nuit, Éditions de l'Olivier, 2017.
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