L’écrivain est double : on fait le texte en pensant peu à la réception, après la publication on est un autre qui attend les lauriers et qui n’est pas vraiment celui qui a écrit. (...) et c’est justice, parce que quiconque se réfugie dans les livres – moi – perd le contact avec les autres. Je crois vraiment que la macération parmi les livres coupe du monde. C’est une vieille erreur que j’ai faite dans ma jeunesse. Il est trop tard maintenant, les jeux sont faits. Comme dit Macbeth, « le vin de la vie est tiré ». (...) Je n’aime rien tant que la figure de l’écrivain. Je ne dirais pas que c’est mon fonds de commerce, mais on aime toujours ses saints patrons. Cependant, dès que ça marche un tant soit peu pour un écrivain, la position de pouvoir lui fait perdre les pédales.
Pierre Michon, « Mais qu’est-ce qu’on va devenir ? », propos recueillis par Jean-Luc Bertini, Christian Casaubon, Sébastien Omont et Laurent Roux in La Femelle du requin, « Entre ciel et terre », n°22 (Hiver 2004), repris dans Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature, Albin Michel, à paraître.
7.8.07
Un roi sorti du bois
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