Et puis arrive l'improbable, et je n'y suis pour rien: il devient ce qu'on appelle Flaubert. Il s'enferme, il bouche tous les trous. Dans un même mouvement il fabrique le livre et le masque qui va avec.
(...)
A propos de l'écrivain isolé dans la littérature abstraite, l'homme dans la force de l'âge qui perd sa vie en chicanes grammaticales, en petites sentences littéraires, en minuscules peines ou triomphes d'amour-propre, Chateaubriand a écrit : "Tout cela est bien peu digne d'un homme! N'est-il pas assez dur de ne servir à rien dans l'âge où on peut servir à tout?" Servir, nous le voulons bien. (...) Allons, il ne reste que la prose, le texte qui fait mal et fait jouir de cette douleur, le texte qui tue.
La voiture qui fait le service de Rouen à Yonville, dans Madame Bovary s'appelle L'Hirondelle. Elle a pour cocher le bonhomme Hivert. Le soleil amène la nuit, les fleuves coulent vers leur source, voir clair c'est devenir aveugle. Nous sommes dans l'Apocalypse n'est-ce pas, puisqu'il faut bien que ce monde crève, puisque c'est dans sa tête. Puisque c'est dans la nôtre.
Pierre Michon, Corps du roi, Verdier, 2002
1.11.07
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1 commentaire:
Le saviez-vous : la commune de Ry, en Seine-Maritime, abrite la sépulture de la personne réelle ayant inspiré G-Flaubert pour le personnage d'Emma Bova(ry).
Dont acte.
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