Il n'avait pas su de bonne heure se jeter sur les femmes et se les attacher alors qu'il leur plaisait et qu'il en rencontrait de toutes sortes, avait gardé l'habitude de son adolescence de les attendre et de les regarder de loin. Jusqu'à vingt-cinq ans, pendant tout le temps qu'il avait été sain et très beau, il n'avait eu que des passades, où tout de suite il lachait prise, découragé par un mot ou un geste, craignant tout de suite de ne plus plaire ou qu'on ne lui plût pas assez longtemps, tenté par l'amusement momentané d'une sortie bouffonne qui serait suivi, au-delà de la porte, par un enivrement d'amertume. De sorte qu'il n'avait aucune expérience du coeur des femmes ni du sien, et encore moins des corps.
Pierre Drieu la Rochelle, Le Feu Follet, Gallimard, 1931, renouvelé en 1959.
26.3.08
Débris des années perdues
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