En featuring dans le premier album studio de Joji, être apatride au sein du son et de l'image, Trippie Redd entonne trois mots — "die for you" — avec un timbre qui singe en hommage celui du rappeur disparu au mois de juin à l'âge de vingt ans, XXXTentacion. Ces mots et leur écho vibrant renvoient soudain un reflet inversé des paroles que répétait plus tôt dans l'année la talentueuse 070 Shake dans son single "Glitter" : "before I even existed".
Loin du folklore morbide d'un Biggie ("Ready To Die"), de la désinvolture bravache d'un Mickey Avalon ("Waiting To Die") ou encore de la pose chromée d'une Lana Del Rey ("Born To Die"), la démarche de Joji et son compère sonne comme une mise à terre de la mort, la volonté de lui parler à hauteur d'homme (« Ne crois pas que si je veux mourir pour toi, cela signifie que tu as plus de valeur que moi. »). Ce genre d'énoncé délicieusement oiseux était présent dans le court album "Ye" commis par celui qui se fait désormais appeler ainsi : « Aujourd'hui j'ai pensé à me suicider et je m'aime bien plus que je t'aime, alors... ».
Quel que soit le nom qu'on donne ici-bas au trépas, quelle que soit la forme qu'il prend avant d'être — maladie, abandon, solitude, déchéance, disgrâce, chagrin, vanité —, sa venue gagne toujours à descendre d'un piédestal vermoulu. C'est ce qu'on peut appeler une saine méfiance. Joji aura 27 ans l'année prochaine, alors s'il faut lui dire une seule chose, la voici : « Pas bienvenue au club ! ».
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