On ne pourrait me guérir que de ne plus écrire, mais je ne me plains jamais du reste. Toute ma joie de vivre se tient dans cette tension et ce va-et-vient, ce jeu intérieur entre un mal que je sais depuis l'enfance être celui de tous les humains à la fois, à savoir de n'être que cela, humain dans un monde minéral, végétal, animal, divin, et une guérison dont personne ne voudrait, qui me priverait, en cas de réussite, de tout courage, de tout désir, de tout plaisir d'aller toujours au-delà, en avant - et dont par intérêt bien compris depuis longtemps, je ne veux pas.
Pierre Guyotat, Coma, Mercure de France, 2006
25.2.11
On ne pourrait me guérir que de ne plus écrire
19.2.11
Sylvia
Une fois je me suis retrouvé à la morgue, Sylvia étendue devant moi, un drap blanc remonté jusqu'au menton. Comme au bon vieux temps, nous deux dans une petite pièce, Sylvia en train de dormir, moi en train de me morfondre. Je me mettais à pleurer, je la suppliais, ne faisais aucune concession à la réalité. La réalité se résumait à mon besoin, plus réel que la mort. Sylvia devait arrêter cette comédie. Il fallait qu'elle ouvre les yeux, qu'elle se lève. Alors elle se levait. Je la prenais dans mes bras et lui demandais si elle voulait aller au cinéma. Elle répondait que oui, mais est-ce qu'on ne pourrait pas manger quelque chose avant ? Je lui disais qu'on ferait ce qu'elle voudrait, et nous partions à la recherche d'un restaurant, désespérément heureux.
Leonard Michaels, Sylvia, 1990, éd. Christian Bourgois pour la trad. française de Céline Leroy.
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10.2.11
Du verbe myoper
Impatient je guette mes absences
J'avoue ma perte me convient
J'applaudis a mes défaillances
Conscience ne m'est d'aucun soutien
La vérité ne me vaut rien
Je renoncerais au sens
Ainsi qu'à toute science
Pour un seul moment d'absence
Pour un seul moment d'absence
Paupières closes je laisse dans le flou
Les choses prendre de l'avance
Volontiers je myoperais tout
Et perdrais connaissance
Pour un seul moment d'absence
Pour un seul moment d'absence
Pour un seul moment d'absence
Pour un seul moment d'absence
Bertrand Betsch - "Pour un seul moment d'absence" {http://www.virginmega.fr/musique/titre/pour-un-seul-moment-d-absence-bertrand-betsch-102731371,page1.htm}, La soupe à la grimace, Labels-Lithium, 1997.
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8.2.11
"the sight of an open fire"
Les ponts ne brûlent que rarement, et les villes ne prennent feu qu'avec méthode, dans un ordre établi, les unes après les autres, à la saison des incendies.
Fédor Dostoïevski, Les Démons (troisième partie), 1871.
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Gui / Billy
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