31.3.08

En quatre briques (pas mieux)


Se frotter contre un autre corps sur le sable, se vautrer derrière le rideau d'une loge sous une tente, jouir nus sous un brisant : les prouesses les plus classiques de l'érotisme de plage sont pour moi non seulement invraisemblables mais même de parfaits exemples de ce que ne peut être le plaisir : inconfort, aspérité, hostilité, interférence.


Alan Pauls, La Vie pieds nus (La vida descalzo), Christian Bourgois, 2007.

28.3.08

"(i) Tabata appelle Tabata Cash" (p. 73)



(ii) Pluie insistante, longue, interminable, masse de gouttes indifférenciées, décidées, efficaces

51 1 pluie bien japonaise, en somme, selon le stéréotype

51 1 1 je me souviens de Didier disant après m'avoir décrit les manières d'une équipe de travailleurs du bâtiment occupée près de chez eux : "les Japonais, c'est des Italiens qui se prennent pour des Allemands"


Jacques Roubaud, Tokyo infra-ordinaire, Inventaire/Invention, 2005.

Nota : il convient de confirmer que cet extrait se présente sur papier en trois couleurs d'encre distinctes (noir, magenta et violet), soit quelque chose comme, soixante-seize ans plus tard, le rêve d'imprimerie multi-colorée que William Faulkner avait formulé pour la venue au monde de son roman Le Bruit et la fureur ; rêve que des impératifs économiques avaient - déjà - tué dans l'oeuf.


En somme, "Inventaire/Invention" : the two Vs stand for Vendetta.

26.3.08

Propositions

Ne travaillez jamais.
(Nanterre)

Lavez-vous les pieds !
(Censier)

Passez vos examens
le sexe à la main
(Censier)

Jean-Philippe Legois, Les slogans de 68, First, 2008

Débris des années perdues

Il n'avait pas su de bonne heure se jeter sur les femmes et se les attacher alors qu'il leur plaisait et qu'il en rencontrait de toutes sortes, avait gardé l'habitude de son adolescence de les attendre et de les regarder de loin. Jusqu'à vingt-cinq ans, pendant tout le temps qu'il avait été sain et très beau, il n'avait eu que des passades, où tout de suite il lachait prise, découragé par un mot ou un geste, craignant tout de suite de ne plus plaire ou qu'on ne lui plût pas assez longtemps, tenté par l'amusement momentané d'une sortie bouffonne qui serait suivi, au-delà de la porte, par un enivrement d'amertume. De sorte qu'il n'avait aucune expérience du coeur des femmes ni du sien, et encore moins des corps.

Pierre Drieu la Rochelle, Le Feu Follet, Gallimard, 1931, renouvelé en 1959.

25.3.08

Le plus petit dénominateur commun entre toutes mes attirances

Elle était pire que tout. Elle était le modèle d'origine, elle était le plus petit dénominateur commun entre toutes mes attirances. Il fallait immédiatement cesser de la regarder ; la fille que je prenais régulièrement dans mes bras était une pâle copie, une variation sur le thème, comme la reproduction, de mémoire, d'un tableau qu'on aime beaucoup et qu'on connaît mal.

(...)

Il m'était impossible de me rappeler comment je l'avais rencontrée.
Je me souvenais parfaitement de la première fois que j'avais vu son père - je lui avais marché dessus - mais il n'y avait aucune délimitation dans ma mémoire entre le moment où elle n'était pas là et celui où elle était centrale.



Jakuta Alikavazovic, Corps Volatils, L'Olivier, 2007

23.3.08

Et ça chauffe, à Giste

Eh bien ma foi, ça les regarde. Si les uns se servent de nous contre les autres. S'ils nous frappent nous pour en ébranler d'autres, on comprend ça, mais nous, on est pas là pour ça.


Christian Gailly, La Passion de Martin Fissel-Brandt, Minuit, 1998.

21.3.08

Je me tue à te dire qu'on ne va pas mourir

J'étais censé t'étourdir
Sans aviron, sans élixir
J'étais censé te soustraire
A la glue

Les impasses, les grands espaces
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Une étoile sur le point de s'éteindre

J'étais censé te ravir
À la colère de Dieu

La douceur d'un blindé
Le remède à l'oubli
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent

Mes bras connaissent
La menace du futur
Les délices qu'on ampute
Pour l'amour d'une connasse

J'étais censé t'encenser
Mes hélices se sont lassées
De te porter aux nues
Je me tue à te dire
Qu'on ne va pas mourir

Sauve toi
Sauve moi
et tu sauras où l'acheter le courage

J'étais censé t'étourdir
Sans aviron sans élixir
J'étais censé te couvrir
À l'approche des cyclones

Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Sur le bout des doigts

La promesse d'un instant
La descente aux enfers
Mes bras connaissent
Mes bras mesurent la distance

Sauve toi
Sauve moi
Et tu sauras où l'acheter le courage

J'étais censé t'étourdir
Sans aviron sans élixir
J'étais censé t'extraire
Le pieu dans le coeur
Qui t'empêche de courir

Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Une étoile sur le point de s'éteindre

Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Sur le bout des doigts

Mes bras connaissent

Mes bras connaissent
Une étoile sur le point de s'éteindre

Mes bras connaissent

Sauve toi
Sauve moi

Mes bras connaissent

ECOUTER LE MORCEAU


Alain Bashung, Mes Bras, L'Imprudence, 2002

20.3.08

L'homme des Joyaux


Une femme progressiste comme Ségolène Royal qui peut déclarer qu’elle a été trompée comme si c’était vraiment un événement majeur de son existence, moi cela me fait sourire. Cela me donne envie de lui envoyer un SMS du genre : "C’est pas grave. Amitiés socialistes, signé : Casanova"


Philippe Sollers, interview accordée au site NonFiction.fr (propos recueillis par Fanny Jaffray), 10 mars 2008.

18.3.08

Dialogue discrétionnaire


- So, maybe in about twelve to eighteen months from now I'll give you a call.
- Yeah, I'd like that.

[He kisses her left cheek]

- Hey!

[She gives him a kiss and then leaves]

- Oh, what the hell! At least I got to be on TV.


Rick Santoro (Nicolas Cage) & Julia Costello (Carla Gugino), Snake Eyes, Brian De Palma, 1998.


16.3.08

Charlie Parker : Lover Man

Illustration sonore du message publié par Damien.

Date: July 29, 1946
Place: C.P. MacGregor Studios, Hollywood, California
Group: Charlie Parker Quintet (except item 4 issued as Howard McGhee Quintet) with Howard McGhee (tpt), Jimmy Bunn (p), Bob Kesterson (b), Roy Porter (d)
Primary Source: Dial box, disc 1


Charlie Parker - Lover Man.mp3

Note: Parker's third studio session, the infamous "Lover Man" date. "Bebop" features a fiery two-chorus trumpet solo by McGhee and a disintegrating Charlie Parker.
McGhee went on to finish the session as a quartet, continuing with the exceptional passion he demonstrates on "Bebop." Parker went back to his hotel, wound up in jail, and then off to the Camarillo State Mental Hospital for rehabilitation.
PARKER IN CAMARILLO UNTIL END OF JANUARY 1947

A la suite de l'intro au piano de Jimmy Bunn, Charlie Parker, shooté, rate le début du thème, puis se reprend, et interprète une des versions les plus bouleversantes du standard "Lover Man". Suivront 6 mois d'hospitalisation forcée... Et le titre "Relaxin' at Camarillo, enregistré le 26 février 1947, toujours pour Dial.

Charlie Parker - Relaxin At Camarillo.mp3
Date: February 26, 1947
Place: C.P. MacGregor Studios, Hollywood, California
Group: Charlie Parker's New Stars with Howard McGhee (tpt), Wardell Gray (ts), Dodo Marmarosa (p), Barney Kessel (g), Red Callender (b), Don Lamond (d)
Primary Source: Dial box, disc 2

15.3.08

Altérité


Nous savons parfaitement aujourd'hui que, si l'unité du monde est celle des objets et des signes monétaires, alors, démocratie ou pas, pour les corps vivants, il n'y a pas d'unité du monde. Il y a des zones, des murs, des voyages désespérés, du mépris et des morts. C'est pourquoi la question politique centrale aujourd'hui est bien celle du monde, de l'existence du monde.


Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom ?, Chapitre IV, "Le huitième point" (cf. chapitre III, "Huit points, début" / "Point 8. Il y a un seul monde."), Lignes, 2007.

13.3.08


"You know, sometimes I think I should just live fast and die. And go in a three-piece white suit like Charlie Parker"

Chris Parker
(as Aloysious Parker), Permanent Vacation, Jim Jarmusch, 1980

12.3.08

Sur la grève


Pourquoi est-ce si évident ? Pourquoi doit-elle y revenir maintenant ? Pourquoi aucun autre choix n’est accessible ?

Questions sans réponse. Elle n’arrive pas à fixer son attention sur ce qui se passe.
Elle constate, seulement. Elle devient en quelques instants la spectatrice de sa propre vie, comme si elle devait témoigner pour le compte d’un tiers et rendre compte de ses propres faits et gestes.
C’est la première chose qu’elle fait en retournant chez elle, après douze années de réclusion criminelle : chercher dans sa chambre l’épais journal intime. Et le trouver, du premier coup. Trois cents pages gondolées remplies d’une écriture penchée vers la gauche, tracée de la main droite, avec la pointe d’un stylo à bille noire. Bien sûr, sa mère n’y aurait jamais touché. De peur que ces grammes de pâte à papier prennent vie, prennent en main une arme, deviennent tueurs autant que leur auteur. Les mots tuent, c’est connu. Mais là c’est moi qui ai tué, pense-t-elle simplement. Par réflexe elle souffle sur la tranche et tousse dans la poussière qui soudain danse. Son index glisse le long des feuilles découpées nettement, jusqu’à la dernière page écrite, vers la toute fin du carnet à spirales. Elle se souvient de l’époque durant laquelle elle se confiait à ce carnet. Pendant plusieurs semaines, la France avait été bloquée par les grèves. Une révolte assez joyeuse. Partout des banderoles, des râleurs, des casseurs et des rêveurs. Des gens pincés qui disaient comprendre les revendications. Des hommes en bout de course qui semblaient punis, au coin d’une table de négociation. Une fin piteuse. Un élan héroïque et solidaire, coupant le pays en deux. Mais elle, elle n’était pas dedans. Elle a vu tout ça en refusant de le comprendre. Choisir un camp lui faisait horreur. Ni d’un côté ni de l’autre. Elle était ailleurs. Elle, elle y repense : non, moi je me prenais pour Bonnie Parker. Elle devine à ce moment un sourire sur son visage, une courbe entre ses deux pommettes. La première depuis Fleury-Mérogis. Elle n’a pas une pensée pour son Clyde Barrow, qu’elle a oublié depuis longtemps. Son complice, condamné en même temps qu’elle. Mais qu’elle avait regardé pour la dernière fois bien avant le procès. Cambrioler des magasins de seconde zone en couple, se payer en monnaie sonnante et trébuchante. Voler du luxe de banlieue pauvre. Trucider. Il n’y a pas d’estime à avoir pour ces forfaits. Une fois qu’elle avait aboli les frontières de la vie quotidienne, voler était plus facile que respirer. Et tuer n’allait pas tarder à arriver. Elle se rappelle les surnoms qu’elle donnait aux garçons qu’elle séduisait alors avec facilité. Thor, Snope, Horace, Thibalt, Len. Le seul qu’elle n’a pas rebaptisé, elle l’a tué et elle revoit son corps inerte, étendu sur le dos. Son sang fait une tâche qui s’agrandit lentement autour de lui. Elle ne ressent aucune émotion. Toujours pas à ce jour, aucune trace précise, bien qu’elle ait cessé de s’aimer. Elle ne sourit plus.


Elle lit la dernière phrase du journal. Elle semblait y annoncer son suicide. Bien évidemment. La figure du meurtrier romantique. Celui qui veut emmener son crime avec lui dans l’au-delà, son œuvre, son sésame, son pacte avec Méphistophélès. Pour une élève surdouée évoluant avec dédain en terminale L, c’était faire preuve de fort peu d’inspiration. Mais il n’y eut rien de tout ça. Du sang, des larmes qui piquent, plus tard, surtout des heures à attendre, de plus en plus longues, qui n’en finissent plus. Et l’habitude. Loin des mois d’écriture fatale.

Pendant la période où elle pensait ça, où elle formait ces blocs de mots penchée sur son calepin, elle se dit encore que les journaux, les vrais, ceux que les gens lisent, parlaient de tout autre chose : du débrayage généralisé, de la spontanéité, du co-voiturage, de la valeur travail. De l’amour de la France finalement, pays qu’aujourd’hui elle craint comme on devait craindre le Seigneur autrefois. Pays fabuleux dont ce qu’elle connaît le mieux est son système carcéral, son administration pénitentiaire. Pays qu’elle a quitté depuis ce crime inexpliqué – mûrement réfléchi. Depuis qu’elle a entamé une nouvelle vie, après un faux départ – non sifflé par les arbitres. Elle n’a plus d’autre option. Elle doit courir, et courir, dans un monde qu’elle s’est mis à dos. Si elle doit mourir avant l’âge, ce sera d’épuisement. Le suicide n’est plus à l’ordre du jour ma petite : elle se l’est répété souvent. Ce qu’elle n’avait pas répété, en revanche, c’est la rencontre si immédiate avec le magma de sa prose. Cet amoncellement la gêne. Elle avait surtout retenu la fin. Le reste ne dit rien d’autre. Elle parlait tout le temps, elle n’avait rien à dire. Sa mère, aujourd’hui, ne lui dit plus rien. Sa mère n’a pas touché, non plus, aux toiles que sa fille peignait et accrochait aux murs peu avant son inculpation pour homicide volontaire perpétré à l’arme blanche. Du criard, du hideux, du pas du tout agréable à voir. Et une valeur artistique nulle. Qu’elle était poupine, sur la photo qui décore toujours l’étagère, dans une pose de mannequin de supermarché, le ventre qu’on devine, la bouche ronde et tendue ! Elle croyait tout savoir, a du tout désapprendre. Devenir anonyme après avoir cru être une star. Star du crime, c’est pas un métier, Pépette. Voilà ce qu’elle a entendu tous les jours au début de son emprisonnement. Peu de visites, peu d’activités, peu de pensées. Peu d’intérêt. Si elle a appris quelque chose au cours de ces années, c’est à vivre au ralenti, amoindrie, à peu de pour cent.

Comment avait-elle pu se croire à ce point au-dessus des autres ? Elle était adolescente, c’est vrai, elle allait mourir un jour, exact. Mais elle avait vu les mêmes films, avait des opinions peu profondes, des passions en toc. Les indiens d’Amérique : une métaphore en kit, qui à l’époque faisait du chiffre. Et s’est chiffrée à douze ans pour elle. Le sacrifice rituel et l’ambition d’être première de la classe ne faisaient qu’un pour elle. Il lui revient en mémoire ce gendarme qu’elle avait réussi à accrocher. Il tâchait d’être sévère, de garder toutes les traces dans la rédaction des ses rapports, mais il était fasciné. Elle en était persuadée, il lui faisait l’offrande de dépositions qui ne creusaient pas bien loin, qui laissaient tout son charme au mauvais sort qu’elle avait jeté autour d’elle. Et qui l’avait séduit. Elle avait troublé ce fonctionnaire assermenté. Elle se dit qu’elle avait troublé la République française aussi, à travers lui. Sans en avoir gagné le droit. Le gendarme avait cru à travers elle ouvrir une porte sur un imaginaire ésotérique. Un domaine imperméable à la réinsertion, à l’incivilité, aux ratonnades et aux brûlures de cigarette. Elle a retenu très en détail les traits de son visage, l’angle de ses joues qui suggérait son envie de l’étreindre. Il voyait certainement en elle une amante spirite qui retournait contre eux le venin des hommes. Une mante religieuse. Un insecte, oui. Il n’avait raison que pour ça.

Si elle prend pitié de quelqu’un aujourd’hui, c’est de celui-là, de cet homme en uniforme. Pas de sa victime. Encore moins d’elle-même. Elle voudrait, peut-être, le retrouver pour lui faire comprendre à quel point c’était puéril. Puéril et raté. Si elle le retrouvait, si elle parvenait à le convaincre, elle pourrait reprendre goût à la vie. Retrouver la saveur. Mais ça, elle se l’est interdit. C’est son troisième interdit catégorique. Après le suicide.
Et surtout après la grève.

10.3.08

Considérant les événements présents de notre vie, nous oscillons sans cesse entre la croyance au hasard et l'évidence du déterminisme.

Michel Houellebecq, Les Particules Elémentaires, Flammarion, 1998

8.3.08

Dialogue mercenaire


- "Les vendeurs de poisson vendent du poisson ; les vendeurs de guerre vendent de la guerre. Ils croient tous sincèrement en leur produit. Le Premier ministre a sûrement agi de bonne foi. Mais tout se passe comme s'il avait vendu trop cher sa marchandise. Le jugement dernier ne viendra pas des mandarins, des juges ou des hommes politiques. Il viendra du consommateur - le public britannique."
Rodric Braithwaite (The Financial Times), 10 juillet 2003.

- "Nous ne partageons nullement cette idée absurde selon laquelle les attentats à la bombe auraient à voir avec ce que les Britanniques font en Irak ou en Afghanistan, ou avec notre soutien à Israël, notre soutien à l'Amérique, ou quoi que soit de ce genre. Ce sont des actes sans signification et nous devons les affronter en tant que tels."
Tony Blair (discours de Premier ministre), 26 juillet 2005.


Cités par Tariq Ali, in Quelque chose de pourri au Royaume-Uni (Rough Music. Blair, Bombs, Baghdad, London, Terror), Raisons d'agir, 2006.

6.3.08

ma trompette devient
l'instrument de toutes les merveilles
je ne détruis jamais
je réinvente
je suis un maître de la réinvention
je réinvente
par la délicatesse de la fêlure
par l'élégance de la détresse j'ensemence
je réactive

(...)

j'ensemence et j'enfante
Isn't it romantic ?
alors
je peux livrer
le suc d'un automne à New York
la substance d'un avril
dont je me souviendrai sans fin
alors
je peux restituer le voyage tremblé de la lumière
Travelin' light

Zéno Bianu, Chet Baker (déploration), Le Castor Astral, 2008

5.3.08

Dialogue géostationnaire


- What do they say about Vegas?

- What happens in Vegas remains in Vegas.


B.B. Rush and Lawyer McCoy, Redacted, Brian De Palma, 2007.

3.3.08

Sexual healing


In short, the sex drive operates in conjunction with many other neural systems that govern desire, mate choice, romantic love, and attachment, perhaps even mechanisms that detect facial attractiveness, immune system compatibility, and other neural systems we unconsciously use to mate, breed, and rear our young. Yet there is, as yet, no research on the complex effects of these serotonin-enhancing drugs—medications that are likely to jeopardize mate choice, romantic love, marriage, and even fertility.


'Prozac and sexual desire', by Helen E. Fisher (Ph.D., Research Professor, Department of Anthropology, Rutgers University, New York City) & J. Anderson Thomson Jr. (M.D., Charlottesville, Virginia), The New York Review of Books, March 20, 2008.

1.3.08

Un poucet jouant les ogres


Du lycéen de seize ans qui effeuille en cachette sous son pupitre les Fleurs d'un certain Monsieur Baudelaire et qui découvre soudain qu'elles ne sont pas de mai, comme il l'avait lu d'abord dans sa candeur, mais bien du mal, des fleurs de perversités et des nudités propres à le faire rougir en sa jeune corruption ; de ce lycéen naïf au vieil ivrogne de quarante-quatre ans qui se laisse rouler dans la farine et dans la boue par des catins cupides et des bougresses de caboulots, le chemin de Verlaine est celui, cahotant et chaotique, d'un Poucet jouant les ogres sans avoir su ni grandir, ni aimer au-dessus de som ombre boiteuse.


Guy Goffette, L'autre Verlaine, Gallimard, 2008