1.3.08

Un poucet jouant les ogres


Du lycéen de seize ans qui effeuille en cachette sous son pupitre les Fleurs d'un certain Monsieur Baudelaire et qui découvre soudain qu'elles ne sont pas de mai, comme il l'avait lu d'abord dans sa candeur, mais bien du mal, des fleurs de perversités et des nudités propres à le faire rougir en sa jeune corruption ; de ce lycéen naïf au vieil ivrogne de quarante-quatre ans qui se laisse rouler dans la farine et dans la boue par des catins cupides et des bougresses de caboulots, le chemin de Verlaine est celui, cahotant et chaotique, d'un Poucet jouant les ogres sans avoir su ni grandir, ni aimer au-dessus de som ombre boiteuse.


Guy Goffette, L'autre Verlaine, Gallimard, 2008

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