12.11.08

Deux Russes et un troisième – pour Maupassant


Tourgueniev, pendant le séjour qu'il fit chez moi, en 1881, je crois, prit dans sa valise un petit livre français intitulé la Maison Tellier et me le remit.

"Lisez ça à l'occasion", me dit-il, du même ton détaché en apparence dont il se servit un an auparavant en me remettant la livraison de la revue la Richesse russe (Rouskoe Bogatstva) qui contenait un article de Garchine, alors à ses débuts. Evidemment, aujourd'hui comme alors à l'égard de Grachine, il craignait de m'influencer dans l'un ou l'autre sens et il désirait avoir mon opinion en toute indépendance.

"C'est un jeune écrivain français, dit-il, voyez, ce n'est pas mal ; il vous connaît et vous prise fort", ajouta-t-il, comme s'il voulait me disposer en sa faveur.

"Comme homme il me rappelle Droujinine ; comme lui c'est un excellent fils, un excellent ami, un homme d'un commerce sûr*, et de plus il est en relation avec les ouvriers, les dirige, les aide. Même sa manière d'être avec les femmes me rappelle Droujinine."


Léon Tolstoï, Guy de Maupassant, Posrednik (L'Anabase, pour la présente traduction), 1894.


(*) : en français dans le texte russe

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