Je comprends les raisons de sécurité, les impératifs techniques ; je comprends les raisons qui conduiront progressivement à une gestation in vitro ; je me permets juste, à ce sujet, une légère manifestation de nostalgie. Auront-ils, mes petits chéris nés si loins d'elle, auront-ils encore le goût de la chatte ? Je l'espère pour eux, je l'espère de tout mon coeur. Il y a beaucoup de joies dans ce monde, mais il y a peu de plaisirs - et si peu qui ne fassent aucun mal.
Fin de la parenthèse humaniste.
Michel Houellebecq, "Consolation technique", Lanzarote et autres textes, Librio, 2002 ; repris dans Interventions 2, traces, Flammarion, 2009.
26.2.09
Ouvrez la parenthèse
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18.2.09
12.2.09
Emmanuelle Béart nue naked sextape xxx
La beauté est une chose sévère et difficile qui ne se laisse point atteindre ainsi ; il faut attendre des heures, l'épier, la presser et l'enlacer étroitement pour la forcer à se rendre.
La forme est un Protée bien plus insaisissable et plus fertile en replis que le Protée de la fable ; ce n'est qu'après de longs combats qu'on peut la contraindre à se montrer sous son véritable aspect ; vous autres, vous vous contentez de la première apparence qu'elle vous livre, ou tout au plus de la seconde, ou de la troisième ; ce n'est pas ainsi qu'agissent les victorieux lutteurs ! Ces peintres invaincus ne se laissent pas tromper à tous ces faux-fuyants ; ils persévèrent jusqu'à ce que la nature en soit réduite à se montrer toute nue et dans son véritable esprit.
Honoré de Balzac, Le chef d'œuvre inconnu, 1831
Légende photo : Michel Piccoli et Emmanuelle Béart dans La Belle Noiseuse (Jacques Rivette, 1991)
5.2.09
Mon sovkhoze pour un peu de pemmican
Dès qu'ils furent de l'autre côté de la Porte Marachvili, le blanchoiement de toutes choses sous les rayons lunaires s'atténua. Les rues avaient rétéréci. L'éclairage urbain avait des défaillances. On devait parcourir des dizaines, et parfois des centaines de mètres dans l'ombre, au petit bonheur. Les trottoirs et la chaussée étaient jonchés d'épaves. Souvent on frôlait des drogués des deux sexes, affalés dans leur vomi et leurs rêves. Quand l'obscurité était profonde, des oiseaux la colonisaient : des mouettes obèses, gigantesques, des corneilles monstrueuses, des chouettes, des poules ; elles recouvraient de larges portions du sol, constituant des groupes compacts qui protestaient contre les intrusions et interdisaient le passae à coups de bec. On marchait au milieu de gloussements et des cris.
(...)
Il est exclu d'aller dormir. Il serait vain d'entamer un livre puisqu'on ne le finirait pas. Il est déconseillé de fatiguer de nouveau son corps dans un énième entraînement de close-combat. On a eu, d'autre part, la décence de ne pas organiser, avec ses collègues et camarades, une cérémonie d'adieu. Quant à s'agenouiller en face d'un mur pour méditer, on se l'interdit volontiers, tant il paraît ce soir imbécile de peiner pour apercevoir d'illusoires ténèbres, alors qu'avant la fin de la nuit on va être très efficacement et très concrètement jeté au coeur de l'espace noir.
(...)
Un demi-siècle, c'est des milliers de bifurcations possibles. Des bifurcations fondamentales. Et si l'enfant naît dans une famille de délinquants ? Et si, au lieu de suivre le parcours que les Organes ont prévu pour lui, il dévie complètement ?S'il rejoint des bandes de criminels ? S'il devient fou ?
(...)
Les murs et le sol frémissaient.
La chaudière grondait à l'étage inférieur.
Elle gronda ainsi jusqu'à ce que Mevlido s'assoupisse et, même alors, la vibration se prolongea, la musique des flammes ne se tut pas, cette mélodie de destruction et de voyage qui de toute façon est en nous, depuis toujours, et qu'au moment du sommeil chacun confond tantôt avec sa propre expérience, tantôt avec sa propre mort.
(...)
Un narrateur omniscient ou même une araignée depuis sa toile nous auraient sans doute jugés morts d'asphyxie ou de solitude duelle, ou évanouis après un excès de jouissance, encore emmêlés dans nos restes animaux, avec autour de nous les puanteurs stagnantes que nos corps avaient produites, avec sur nous des résidus d'excrétions, et, en nous, le souvenir noir d'ailes crissantes, de membranes écartelées, de muqueuses exhalant leurs dernières rosées avant la torpeur.
(...)
Au-dessus de ma tête le tube de néon papillonait un message en une langue morse laiteuse dont je ne possédais pas les clés. Comme il n'était pas question de confier à qui que ce fût le détail de mes aventures, j'inventais à voix basse des cauchemars que je racontais aux araignées, toujours présentes, et aux rats, quand ils étaient là. Mes histoires ne les intéressaient pas, je m'en rendais compte à la fixité de leur regard rougeâtre qui soudain devenait insultante. Bien vite il me semblait avoir épuisé l'essentiel de ma narration, et je me taisais.
(...)
Sur Terre, à présent, l'esclavage, les camps de survivants, le chaos, l'humiliation et le meurtre de masse n'ont plus cours. Les hominidés et leurs pratiques assassines, les hominidés et leurs discours cyniques ne sont plus qu'un souvenir. L'espèce dominante ne soulève jamais la question du bonheur ou du malheur, ce qui fait que, d'une certaine manière, elle est réglée.
(...)
Dans une foule, où que l'on soit, il y a toujours un homme seul ou une femme seule. C'est peut-être vous, et c'est souvent vous, mais, parfois, c'est quelqu'un d'autre. Cela dépend de l'humeur de la foule plus que de la vôtre.
(...)
Même quand une foule devient un organisme collectif qui ne pense plus qu'au combat ou à la parole, il y a toujours en elle une femme seule qui reste seule.
Antoine Volodine, Songes de Mevlido, Seuil, 2007.
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2.2.09
Hyperballad
It is the driving on empty roads that does this to him, sends him to fantasy lands. Other people do it jogging or swimming or sitting on public transport; he does it drinving.
(...)
And he finds, weeks later, that he has developed another habit: he no longer follows the rythm of night and day, but sleeps when the urge takes him, catching a few hours at a time, here and there, be they light or dark.
Julia Leigh, The Hunter, Faber and Faber, 1999.
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