29.3.11
#genius
Il tomba sur eux l'ombre d'un homme géant. Son tablier s'arrêtait à mi-cuisse. Camier le regarda, lui regarda Mercier et Mercier se mit à regarder Camier. Ainsi, sans que les regards se croisassent, fut-il engendré des images d'une grande complexité, chacun jouissant de soi-même en trois versions distinctes et simultanées et en même temps, quoique plus obscurément, des trois versions de soi dont jouissaient les deux autres, soit au total neuf images difficilement conciliables, sans parler des excitations nombreuses et confuses de bousculant dans les marges du champ. Cela faisait un mélange plutôt pénible, mais instructif, instructif. Ajoutez-y les multiples regards dont les trois étaient l'objet, au milieu d'un nouveau silence, et vous aurez une faible idée de ce à quoi on s'expose en voulant faire le malin...
Samuel Beckett, Mercier et Camier, Minuit, 1946
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23.3.11
Dialogue originaire
Richard Millet, Lauve le pur, P.O.L, 2000.
Je cherche à faire un pas de plus vers la source de l'effroi que les hommes ressentent quand ils songent à ce qu'ils furent avant que leur corps projetât une ombre dans ce monde.
Pascal Quignard, La Nuit sexuelle, Flammarion, 2007.
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15.3.11
"Rien n'est plus déprimant que le libre cours"
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14.3.11
Petit taré. Vieille larve.
Après un petit-déjeuner où Bonneval, mourant, réussit à tirer son épingle du jeu en résumant, en langage clair, un article très technique paru dans Le Chasseur français sur la pêche du sandre au poisson mort posé, les choses allèrent à peu près de soi, surtout après que Bonneval eut finalement combiné un stratagème qui lui permit d'échapper aux miradors et de se faufiler dans le grand salon où il agrippa d'une main crochue, et avec l'équivalent d'un hurlement sauvage, une bouteille de champagne éventé, mais encore à demi pleine.
Frédéric Berthet, Daimler s'en va, Gallimard, 1988 (repris en coll. "La petite vermillon", Ed. La Table ronde, 2011).
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10.3.11
Italique et majuscules
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7.3.11
May Bartram
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3.3.11
Littérature pour amoureux
J'ai gardé le silence pendant un moment puis je lui ai demandé ensuite si réellement il croyait que Roberto Bolaño avait aidé le petit bossu rien que parce qu'il avait été amoureux il y a des années d'une Mexicaine et que le petit bossu était lui aussi mexicain. Oui, dit le guitariste, on dirait de la mauvaise littérature pour amoureux, mais je ne trouve aucune autre explication, je veux dire qu'en ce temps-là Bolaño ne faisait pas dans la solidarité, ou le désespoir, deux bonnes raison pour aider le Mexicain. En revanche, dans la nostalgie...
Roberto Bolaño, Littérature pour amoureux, in Anvers, Christian Bourgois, 2004.