Elle a sorti un vieux vinyle, que je n'avais jamais vu. On l'a écouté une fois seulement car c'est un peu comme la mémoire qui finit toute rayée, il n'était pas question de l'user. On a dansé tous les deux dans le salon sur une musique qui n'avait pas le temps pour les consonnes. Porque te vas, ça disait dans les grandes lignes les pleurs d'une personne qui a le regard matraqué contre la vitre, car l'autre est parti, porque te vas, porque te vas.
(...)
et j'ai fredonné tant bien que mal cette langue espagnole qui faisait comme du sable dans la bouche.
Hoy en mi ventana brilla el sol
Y el corazon
Se pone triste contemplando la ciudad
Porque te vas
C'était une chanson de la même taille que ma tristesse, en forme de soleil qui ne pourrait jamais disparaître.
Pauline Desmurs, Ma théorie sur les pères et les cosmonautes, Denoël, 2022.
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