20.7.07

Note de bas de page

1 / I / 5. En bibliothèque végétale, nous menons des travaux sur la littérature. Tentons d’écrire un roman d’amour dont nous avons le titre, L’Inconnue, et des bribes : « Elle était belle et triste, et si grande… Elle était violente comme ses fuites en pleine nuit, comme l’arrêt cardiaque qui me foudroiera un jour et que j’espère verre après verre… J’ai connu tant d’autres corps depuis… Mais chaque fois je me retrouve avec mon sale sourire triste, mon secret, échoué sur le lit de celle qu’on n’a pas réellement désirée – ou alors avec une frénétique et malsaine idée d’expiation… » Il y a quelque temps, le début de L’Inconnue faisait cinquante pages, mais nous avons supprimé beaucoup de choses. Actuellement, en bibliothèque végétale, les travaux s’orientent plutôt vers la recherche de la PPUS – Plus Petite Unité Signifiante.
(…)
1 / II / 25. Le lendemain, quand l’Obsédé voulut reprendre son récit, nous lui signifiâmes qu’il contrevenait au règlement garagiste, lequel consiste en l’aveugle refus de la tristesse ainsi qu’en la répugnance à durer. Et l’automne tomba.
(…)
1 / II / 27. / note - « Nous vivions dans le quartier des pentes et de la prolifération. L’alcool était une libération conquise sur l’oppressante pression du monde, et l’unique amour. L’Inconnue buvait bien plus que moi. Ses mains gonflées étaient celles d’un travailleur de la catastrophe. Elle faisait le geste d’un pistolet sur chaque tempe, et nous nous comprenions… Elle rencontrait les grands blessés qui boivent l’alcool théologique…. Et le matin venait, la splendeur triste… Nous repartions vers le quartier des pentes sous l’œil de celui qui sait vraiment ce qu’est la grandeur de ses créatures, assises sous des porches, détruites et béates. »


Pierre Mérot, Petit camp, Parc, 2001.

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