12.7.07

Parler de tout et de rien, de Proust et des chiens

Longtemps, ce fut ainsi, boire des mojitos jusqu'au milieu de la nuit, la raccompagner à pied, lire son profil à la lueur des enseignes, raser les façades quand il pleuvait sur Paris, parler sur le trottoir ou sous le porche de son immeuble, assis sur un muret. Parler de tout et de rien, de Proust et des chiens, lui chanter des chansons, me résumer des livres, pour le plaisir, pour se retenir, et se dire au revoir en agitant la main.
(...)
Nous nous sommes embrassés, nous avons tout fait en même temps. Après des semaines de rendez-vous nocturnes, une centaine de mojitos et une tarte à l'abricot qu'elle m'avait invité à manger un soirdans son deux-pièces si bien rangén, Gail a voulu voir mon appartement.
- C'est comment, chez toi ?
Elle n'a pas été déçue du camping, elle n'avait jamais vu un tel bordel de livres et de disques, heureusement que c'était grand.
Elle a ramassé un livre qui traînait sur le parquet et s'est allongée sur le lit tout habillée. Je suis passé à la salle de bains. Je l'ai retrouvée sous les draps, en culotte et soutien-gorge blancs. Elle m'a demandé d'éteindre la lumière. Rien à signaler. Nos baisers furent surpris, presque étrangers. J'ai connu sa timidité. Moi, pareil, très ému. La première nuit, un pétard mouillé. Les trians de Saint-Lazare n'ont pas stoppé pour nous regarder. Au début, l'amour tue le sexe, c'est bien connu, même si Gail n'avait jamais dit qu'elle m'aimait.
(...)
La nuit, le jour aussi, des blocs entiers de tendresse se détachaient, nous percutaient, nous roulions l'un sur l'autre. Je rentrais en elle, et pas seulement du bas. Le plaisir était total mais diffus, réparti de partout. Pas un carré de ma peau n'y échappait.

Jean-Marc Parisis, Avant, Pendant, Après, Stock

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